lundi 8 juin 2015

Les sorties musicales de la semaine


Beneath the Skin - OF MONSTERS AND MEN
Sortie : Le 9 juin
La note du Musicologue : 3/5 


Propulsé par le succès interplanétaire de leur hit Little Talks sur leur premier album My Head Is An Animal (2011), le groupe islandais Of Monsters and Men a connu une ascension fulgurante dans le cœur de nombreux mélomanes, conquis par leur pop rafraîchissante et joyeuse. Par la suite, après deux ans de tournées effrénées à travers le globe, le groupe a repris le chemin des studios. À la première écoute, ça nous frappe comme une tonne de briques : leur succès ne sera pas un feu de paille. La chanson Crystals rappelle les meilleurs moments de leur ancienne offrande. Il en va de même pour les hymnes Hunger ou Wolves Without Teeth, qui vont sûrement nous faire taper du pied cet été. Cependant, malgré son côté plus introspectif, le manque d'innovation et d'évolution de ce nouvel album en lassera certains. 

On sait toujours à quoi s’attendre avec Of Monsters and Men : une pop honnête qui ne réinventera jamais le genre, mais qui a le mérite d’être authentique et de remplir ses engagements. Mais leurs compositions, souvent un brin naïves, taillées sur mesure pour les festivals d’été ne sont malheureusement pas très imaginatives. Pour ce nouvel opus, le groupe a travaillé avec Rich Costley, un producteur très influent ayant travaillé avec Sigur Rós, Muse, Foster the People et Santigold, qui a probablement insufflé un peu plus de commercialité à l’album, car avouons-le, leur succès repose beaucoup sur le fait qu’ils font de la pop à numéro aux accents folk. Difficile pour un groupe de leur genre de ne pas se répéter au fil des compositions, et Of Monsters and Men n’y parvient pas toujours. Les refrains sont souvent composés dans le même moule (« oh, oh, ohhhhhhh ») et c’est probablement la principale lacune du groupe. Cependant, leur harmonie vocale et leurs paroles imaginatives leur permet de se distinguer suffisamment pour être pertinents.

Beneath the Skin est la continuité directe de My Head Is An Animal et après quatre ans d’attente, on aurait aimé les voir explorer d’autres horizons. Espérons que cela surviendra quand le groupe aura pris un peu plus de galon. Les islandais sont pourtant reconnus pour leur excentricité et leur originalité sans compromis (Björk, The Sugarcubes, Sigur Rós, Þeyr). Bien qu’Of Monsters and Men ne soit pas taillé dans le même moule, il aurait été intéressant pour le groupe de travailler avec plus de collaborateurs pour élargir leurs horizons et varier les arrangements. Ce n’est pas parce que la recette fonctionne qu’il faut s’asseoir sur ses lauriers. 




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Drones - MUSE 
Sortie : Le 8 juin
La note du Musicologue : 3,5/5 

La bande de Matt Bellamy est de retour avec ce septième album, une œuvre concept marquant un retour à un son plus simple, plus rock, dépouillé des effets électroniques, progressifs et disparates de leur précédent album, le fade The 2nd Law. Mais revenir aux sources n'est pas une tâche simple pour un groupe à la stature de Muse, qui n’est pas à l’abri de la redite, hantant la plupart des groupes gravitant dans le monde musical depuis plus d’une décennie… Cependant, l’album plaira à coup sûr aux fans de la première heure du groupe.

Terminé donc ces expérimentations errantes, allant à l'encontre de leurs racines. Muse signe ici leur meilleur album depuis Black Holes and Revelations (2006). Le groupe a voulu se rapprocher de leur son abrasif, mais toujours accrocheur, qui a fait leur renommée au début des années 2000. On le sent dès les premiers accords de Psycho, un extrait très hard rock, rappelant le son de leur album Absolution (2003). La pièce Reapers, avec sa guitare percutante, et les envolées vocales de Bellamy (qui n'est pas sans rappeler Freddie Mercury) en est également un bon exemple. 

Muse revient aussi à des thèmes précédemment abordés dans leurs anciens albums, la première pièce, Dead Inside, mélodieuse et rock, avec un soupçon de synthétiseurs, sonne la charge : 
«  Your lips feel warm to the touch / You can bring me back to life / On the outside, you're ablaze and alive / But you're dead inside. » 
La thématique de l'isolement humain est ici le cœur de l'album, elle est symbolisée par les drones, ces objets volants servant trop souvent d’outils d’espionnage aux effets voyeurs. C’est un album beaucoup plus sombre et plus dur qu’à l’habitude et Muse assume parfaitement cette approche. Dommage par contre que les paroles de l’album soient aussi redondantes, Bellamy nous ayant habitué à de bien meilleurs textes. Le groupe anglais n’est pas à l’abri de la redite, notamment sur The Handler ou Revolt,  et la thématique de l’oppression et du meurtre programmé par les drones revient un peu trop systématiquement. Il aurait été intéressant d’aller plus loin dans les allusions. L’album, bien que cohérent, ne laisse pas beaucoup de place à l’imagination, caractérisant les meilleurs albums concepts.

Malgré cela, Muse signe un retour convaincant dans l’ensemble, et la plupart des chansons sont pertinentes dans l’unicité musicale de Drones. Le hard rock et le pop se mélangent bien, et Matt Bellamy est en pleine forme, nous rappelant qu’il est l’un des meilleurs guitaristes du rock moderne et qu’il a une très belle voix de ténor. Bien que peu original, Muse revient avec un album efficace, cohérent et rock à souhait, qui nous fait oublier les errances  de leur album précédent. Les fans du groupe jubileront. 



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Peace is the Mission - MAJOR LAZER 

Sortie : Le 1er juin 

La note du Musicologue : 3,5/5 


Le groupe de reggae-dancehall Major Lazer, mené par le DJ et producteur Diplo, enflamme les pistes de dance mondiales depuis plus de cinq ans et ils ne feront pas exception à la règle avec ce troisième album Peace is the Mission, qui contient les mêmes éléments qui ont fait leur renommée dans le monde de la musique dance. Court et rythmé l’album est un flot ininterrompu de rythmiques jamaïcaines, de synthétiseurs et de performances vocales envoutantes (comme sur la surprenante pièce Powerful) la bande de Diplo a, comme à l’habitude, invité plusieurs invités de marque comme Ellie Goulding, , Chronixx, DJ Snake, 2 Chainz et Pusha-T.

Cet album marque la continuité de l’ascension fulgurante de Major Lazer dans les palmarès. Cette fois-ci toutefois, le rythme semble plus effréné, notamment sur Roll It Up ou Lean On, qui ont des accents de trap, un genre électronique du sud des États-Unis très populaire actuellement. Comme à l’habitude, Major Lazer nous offre des moments plus introspectifs, comme sur la première pièce Be Together. Cet album arrive donc juste à temps pour l’été et plusieurs pièces promettent de faire leur place dans de nombreux DJ-sets!

D’une durée de 32 minutes, l’album aurait toutefois gagné à avoir plus de pièces. Si on a du plaisir à l’écouter, l’album s’interrompt rapidement, on en aurait pris plus! On a l’impression que le groupe a sorti ce nouvel opus le plus vite possible plutôt que de le peaufiner avec des pièces qui auraient pu marquer davantage cette dualité intéressante entre musique dance commerciale et reggae. 



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How Big, How Blue, How Beautiful - FLORENCE AND THE MACHINE

Sortie : Le 29 mai

La note du Musicologue : 3/5



Depuis la sortie de son premier album Lungs, en 2009, le groupe anglais Florence and the Machine, mené par l'excentrique Florence Welch, que plusieurs experts qualifient comme étant la nouvelle Kate Bush, a acquis une certaine reconnaissance dans le monde de l'indie rock. Avec cet album, le groupe confirme son statut dans le paysage musical. La voix de Welch n'a jamais été aussi agressive, la prennante What Kind of Man en est un exemple probant. Les arrangements musicaux sont également intéressants, on remarque tout de suite les cordes et les cuivres qui viennent enrichir l'atmosphère de l'album, mentionnons la pièce-titre, dont les crescendos donnent des frissons. Mais à trop vouloir chercher l'émotion par des arrangements parfois trop grandiloquents, on finit par perdre l'intérêt.


Tout comme leur album précédent Ceremonials, cet album-ci est inégal. Il débute pourtant de magnifique façon, enchaînant trois pièces vivantes et authentiques, remplies d'émotions. Cependant, on finit par se lasser de la voix de Florence Welch, qui, bien que magnifique, souligne à gros traits les émotions au travers une tonne de guitares incisives et de cuivres, et ce qui s'annoncait au départ comme un album pop épique finit par s'essouffler au fil des pièces. Pour susciter l'émotion, il faut être authentique, et on a parfois l'impression que le groupe cherche à trop en faire et à ratisser trop large, ce qui finit par donner un résultat en demi-teinte. Ce n'est pas un album qui grandit au fil des écoutes, contrairement à leur excellent premier album. Ce n'est pas inintéressant, la réalisation de Markus Dravs (qui a travaillé avec Arcade Fire, Björk et Brian Eno) est très bonne, mais l'approche peu nuancée du groupe finit par lasser, particulièrement dans la seconde moitié du disque. Florence and the Machine sera tout de même à surveiller, notamment au festival Osheaga, le 31 juillet prochain, car quelques pièces de cet effort ressortent du lot et seront forcément intéressantes en concert.




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In Colour - JAMIE XX 

Sortie : Le 29 mai

La note du Musicologue : 4,5/5


Petit génie de l'électronique, l'anglais Jamie XX, véritable virtuose des platines et l'architecte principal de l'excellent groupe The XX, lance son premier album solo après avoir fait un enregistrement avec la légende du soul Gil Scott-Heron en 2011. Il était attendu de pied ferme cet album de Jamie XX qui peut cette fois-ci nous présenter l'étendue de sa palette musicale, dépouillé du côté dream pop de son groupe. Et il était temps! Quel album! Il a attendu d'être pleinement mature musicalement et d'avoir pris du galon avec différents artistes avant de nous présenter In Colour et ce fût payant. Cela en dit long sur l'intelligence de ce producteur et brillant artisan musical.

Avec ses échantillonnages variés, passant de Alicia Keys à Brian Wilson des Beach Boys, et ses pièces pluridimensionnelles, alliant le soul, le house, le trip hop et l'indie, Jamie XX, de son vrai nom Jamie Smith, signe un très grand album qui ne cesse d'évoluer et de se révéler à nous au fil des écoutes. La richesse de ses compositions est exceptionnelle : on passe de balades lyriques, à des mélodies électroniques minimalistes, à des rythmes effrénés de boîtes de nuits... Et Jamie XX fait tout ça sans jamais s'éparpiller. Il a même engagé l'excellent producteur Four Tet pour l'épauler dans sa démarche artistique (donnant lieu à SeeSaw, l'une des pièces les plus convaincantes de l'album). Sur Loud Places, en duo avec la chanteuse de The XX, on se sent nostalgique, rêveur, mélancolique. Sur la première pièce Gosh, on lève le poing dans les airs en sautant sur place, et sur Obvs, on ne fait que fermer les yeux, en frissonnant de plaisir et en souriant pour aucune raison. 


On a affaire ici à un album transcendantal, sans âge, qui est à coup sûr un candidat parfait pour être dans les palmarès des meilleurs disques de l'année. Jamie Smith a pris tout le bagage qu'il a emmagasiné en faisant le DJ à travers la planète et en travaillant avec les artistes du moment pour nous offrir une galette harmonieuse, vivante et pleine de surprise. Un grand album. 


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